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Le semis de protéagineux en ACS

Date de publication : 02/03/2023

Le semis des protéagineux en Agriculture de Conservation des Sols

Faire de la France un leader de la protéine végétale à horizon 2030 est une volonté nationale qui a encore du mal, pour le moment à se mettre en œuvre notamment du fait de la faible rentabilité économique immédiate de cette culture, des rendements aléatoires et d’un prix de vente encore assez bas.

Les protéagineux ont-ils une place dans une rotation en Agriculture de Conservation des Sols ?

En effet, en ACS, les protéagineux doivent être appréhendés dans une rotation.

Pourquoi ?

  • L’enrichissement en matières organiques des sols menés en ACS entraîne un stockage d’azote organique conséquent d’où une moindre disponibilité en azote. Les résidus de récolte des protéagineux, à faible C/N, laisse un sol plus riche en azote que les autres familles végétales cultivées.
  • Nous observons peu de résidus au sol donc un semis de la culture suivante plus facile ;
  • Leur système racinaire, même s’il varie d’une espèce à l’autre, est complémentaire de celui des céréales ;
  • Les dates de semis, notamment pour les protéagineux de printemps, perturbent les levées d’adventices habituelles dans des rotations avec des cultures d’automne régulières. Or, modifier la date de semis est un des leviers agronomiques les plus pertinents pour diminuer fortement le salissement habituel, mais également les champignons pathogènes ;
  • La quantité d’exsudats racinaires est importante et permet donc d’alimenter la rhizosphère qui s’en trouve dynamisée.

Tous ces avantages font des protéagineux des cultures importantes voir indispensables sur le long terme dans une rotation en Agriculture de Conservation des Sols , qu’il s’agisse de culture ou en couvert.

Où implanter les protéagineux ?

Il s’agit de plantes exigeantes.

Il est donc primordial de prendre en compte les besoins des différentes espèces suivant le pH du sol.

En particulier, toutes les espèces annuelles supportent mal l’excès de calcaire : le lupin y est impossible, le pois a du mal, la féverole supporte. Il est donc recommandé de préférer les sols avec des pH compris entre 6.2 et 6.7.

Les sols hydromorphes ne sont pas déconseillés ; en effet, l’excès d’eau hivernal va impacter le peuplement.

La réserve utile doit être également suffisante, car une période de sec au moment de la floraison peut faire couler les fleurs et impacter grandement le rendement. Ceci pouvant être pallié par l’irrigation.

Il est à noter qu’un champignon parasite, Aphanomyces euteiches, fait pourrir les racines de la majorité des pois (le pois de printemps étant plus sensible que le pois d’hiver), lentilles, gesse, vesce. La féverole le supporte, le lupin n’y est pas sensible.

Or, une parcelle contaminée ne pourra pas être ensemencée avant plusieurs années. Malgré la diversité en champignon plus importante en Agriculture de Conservation des Sols, ce champignon impacte également fortement les rendements quand il est présent.

Quel lit de semence ?

Selon les espèces, les exigences quant à la structure du sol varient.

Le lupin et le pois sont très sensibles à la moindre compaction de surface avec des fontes de semis probables si l’eau stagne dans le sillon.

La féverole supporte mieux et a un système racinaire qui lui permet de pénétrer plus aisément le sol grâce à un pivot et des racines secondaires puissantes.

Pour la profondeur de semis, en Agriculture de Conservation des Sols, il n’est pas utile de semer trop profond. À 3/4 cm, en particulier la féverole.

La moindre minéralisation du sol entraîne une levée moins rapide qu’en agriculture conventionnelle ce qui permet d’avoir un stade qui permet aux plantes de passer l’hiver avec moins de risque de gel. Le stade est important pour que les plantes soient résistantes au froid et éviter des nécroses laissant le champ libre à l’entrée de bactéries entraînant la bactériose en pois. Celle-ci est impossible à traiter par la suite. On observe le même genre de problème en féverole et lupin avec l’anthracnose et le botrytis qui apparaissent très vite si les plantes sont trop développées en entrée d’hiver. Ces maladies pouvant même faire disparaître les plantes en cas d’attaque sévère, même dans un couvert végétal.

Quelle période pour le semis ?

La période optimale de semis est entre le 5 et le 15 novembre ; le lupin peut quant à lui être semé vers la mi-octobre. Si les conditions sont trop humides pouvant entraîner un mauvais semis, il est possible d’attendre jusqu'à fin décembre.

La densité un critère important

Les protéagineux n’apprécient pas un excès de densité qui développe une sensibilité plus forte aux maladies, une moindre floraison. En effet, les plantes font plus de tiges à la recherche de la lumière.

Comme la densité est un critère important, il est préférable de réaliser un test de germination et de vérifier que les semences sont exemptes de bruche par exemple.

Voici les densités optimales pour une culture :

  • Lupin et Féverole 30 grains au m2
  • Pois 100 grains au m2

Comme chaque semis en Agriculture de Conservation des Sols, le roulage doit être réalisé après semis.

Une attention toute particulière doit être apportée au désherbage.

Les protéagineux s’installent lentement et le peu de densité entraîne un sol peu couvert pendant plusieurs semaines, laissant la place aux adventices.

Il est donc impératif d’avoir un sol net au semis.

Quelle variété choisir ?

À notre connaissance, il n’existe pas à ce jour d’essai variété spécifique en semis direct.

Les variétés préconisées en agriculture conventionnelle sont celles également qui fonctionnent le mieux en Agriculture de Conservation des Sols.

Les spécificités des protéagineux dans les méteils et les couverts

Le ray grass italien étant déconseillé en Agriculture de Conservation des Sols à cause de son impact négatif sur le sol (assèchement, prélèvement important en minéraux, système racinaire superficiel et très dense en surface), les méteils représentent une alternative très intéressante.

Si les protéagineux sont semés en mélange avec des céréales de type méteil, ils semblent moins sensibles aux maladies et au gel et peuvent donc être semés plus tôt pour augmenter le rendement. Dans ce cas, un semis fin septembre est envisageable.

La densité totale (grains/m2 en céréales et protéagineux) peut être forte (260 à 280 grains/m2) car outre le moindre risque de maladie, le rendement en fourrage peut être augmenté grâce à cette densité. Suivant le cheptel, viser une proportion de 35 à 55 % de céréales et 45 à 65 % de protéagineux.

En couvert végétal, on peut augmenter les doses si on veut un effet herbicide du couvert. Cependant, cet effet est difficile à obtenir, car les protéagineux s’installent un peu trop lentement et peuvent être vite malades si on les sème trop tôt. Il est donc préférable de semer un mélange avec de la phacélie par exemple et/ou de l’avoine. Suivant les réglementations locales, il est possible d’épandre de la matière organique de type 1, voire 2 en étant vigilant sur les doses d’azote utile qui sont très limitées.

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